Qu’il est doux d’être amoureuse…Les jours ont passés et vous avez tant de plaisir à l’écouter raconter ses expériences de vols.
Vous aimeriez tant devenir son copilote et vivre avec lui un grand choc émotionnel intense.
Cela tombe à pic, votre téléphone portable sonne (vous avez bien entendu téléchargé Placebo comme sonnerie) ; au bout du fil votre chevalier du ciel, tout excité, vous apprend que dimanche est un jour idéal pour voler. Il a vérifié 19812 fois la météo et, heureuse nouvelle « elle est CAVOK ». Votre sang ne fait qu’un tour. Vous lui avouez que justement vous aviez réservé ce petit resto hyper sympa ou vous lui auriez proposé d’aller diner samedi soir.
Indice N°3 : on ne sort jamais la veille d’un vol. Un pilote pratique l’ascèse 24 heures avant de voler. Un pilote ne boit jamais, un pilote doit se reposer avant un vol. Il doit entrer la veille en communion avec sa navigation. Véritable osmose partagée entre son corps, son esprit et son plan de vol.
La journée s’annonce si romantique... Dès hier, vous avez choisi méthodiquement votre tenue : des chaussures plates à semelles caoutchoutées, votre jean Levis, ce bandana ravissant que votre avez ramené de San Francisco et surtout … votre pin’s Rafale.
Dimanche, 7 heures du matin, tout commence par un petit déjeuner équilibré car, comme votre copine diététicienne vous l’a expliqué, l’athlète a besoin de sucres lents avant son vol. Puis vous partez main dans la main vers l’auto qui vous conduit à l’aérodrome. Arrivés frais et dispo, votre pilote, le pas empressé et joyeux, vous accompagne jusqu’au Hangar B2.
Indice N°4: vous apprenez alors que, désormais votre tâche consiste à ouvrir de vos petites mains les 20 mètres linéaires de volets roulants qui séparent le temple de la machine volante. Car votre fiancé doit déposer son plan de vol, vérifier la couche des nuages et, enfin, dire bonjour au Président de l’aéroclub, voisin de hangar.
Une bonne heure plus tard, après avoir polishé les Ailes du désir, fait le plein de carburant, uriné par précaution et double checké l’avion, il vous invite à prendre place dans l’engin. Le cockpit est un vrai nid douillet constitué de 4 sièges, de pédales, de manettes diverses et d’un tableau de bord, le tout dans un volume de 2 mètres cube. Vous serez donc collé serré contre lui tout au long du vol. Détail important, pas de miroir de jalousie pour admirer votre ravissant minois transformé en tête de choux par le port du casque.
Bout de piste, prêts pour le décollage, vous admirez le pilote concentré sur ses instruments, puis sur la piste, puis au micro avec la tour de contrôle. Qu’il est…sexy. Prête ? vous dit’ il avec un grand sourire. En quelques secondes, l’engin s’envole dans les airs, laissant sous vos pieds le sol terrestre et toutes ses misères.
Voici l’Univ’Air, l’horizon au bout des ailes. Le pays des cirrus et des stratus vous ouvre ses portes. Retour sur le cockpit : une trentaine de cadrans aident votre pilote pour la parfaite maitrise de son appareil. Vous qui rêviez déjà d’un baiser amoureux pour ce baptême…il n’en sera rien car,
Indice N°5: le pilote aime, adore, jubile, exulte à tourner les petits boutons de réglage de ses appareils électronique. Son horizon est devenu artificiel. Don Quichotte combat à coups de GPS, livre bataille à son V6 turbo, donne le La à ses soupapes, règle au millionième de millimètre la richesse de son mélange, maintient son altitude à plus ou moins 10 pieds, et si possible sans variations d’altitude, vérifie et ajuste son cap en permanence. Bref, l’avion vous à complètement effacé de son champ de vision.
Mais n’êtes-vous pas cette femme amoureuse suspendue là-haut à un toujours dans les nuages ? Votre billet ne serait-il pas un aller simple pour la destination encore inconnue de vos amours ?
(à suivre..).
{jcomments on}